Autonomie universitaire

Lettre à Monsieur le Président de la République ;

Ampliation : Monsieur le Président de l’Assemblée nationale

Le décret n°2013-1295 viole l'autonomie de l’Université et entrave sa marche !


Monsieur le Président de la République ;

Nous soussignés, les universitaires ci-dessous nommés, voudrions attirer l’attention de votre Excellence sur le fait que le décret N° 2013-1295 du 23 septembre relatif à l’orientation et à l’inscription des bacheliers dans les universités et établissements publics d’enseignement supérieur, entrave la marche de l’Université sénégalaise. En effet, l’article 4  de ce décret stipule     :

Les modalités de classement des bacheliers, pour chaque filière, au niveau des universités et desétablissements publics d’enseignement supérieur sont établies par le ministère en charge de l’enseignement supérieur après avis de l’établissement concerné.
Le quota de bacheliers pour les filières publiques est fixé, chaque année, par arrêté du Ministre en charge de l’enseignement supérieur, après avis de l’établissement concerné
.

Ce décret abroge et remplace celui  en date du 26 mai 1994, n° 94-553, qui conférait aux établissements publics d'enseignement supérieur et de formation des cadres moyens, la charge de l’orientation des bacheliers. Ce faisant, le Ministre de l’enseignement supérieur a non seulement retiré aux établissements leur prérogative d’orienter et d’admettre mais s’est aussi donné, ce qui est nouveau, le pouvoir d’inscrire des étudiants.
Ainsi, fort des nouvelles prérogatives réglementaires qu’il s’est données, il a cru bon de sortir un arrêté pour surcharger les départements universitaires de bacheliers qu’il a sélectionnés et classés sans l’avis d’aucune instance délibérante des établissements concernés.

Il va sans dire, Monsieur le Président, que cette façon de faire viole l’article susmentionné et foule aux pieds toutes les traditions universitaires. La communauté académique, jalouse de son autorité sur toute question ayant trait à la science ou à la pédagogie, accepte très mal cette pratique d’un autre âge. En effet, ce décret liberticide, préparé en catimini, déresponsabilise et infantilise les universitaires. Suprême humiliation, les décisions de leurs Assemblées ne comptent plus, même pour autoriser l’intervention des forces de l’ordre dans les campus ! On se demande à quoi servent les instances délibérantes des universités si leur non équivaut à leur oui ?!
Par ailleurs, la surcharge des universités et la mauvaise orientation des bacheliers consécutives à l’application de ce décret, ont perturbé les établissements et les ont mis dans l’impossibilité d’achever l’année académique.

Enfin, il nous importe, Monsieur le Président, de vous faire savoir que quel que soit le niveau d’accès demandé : « Master pour tous » ou « Licence pour tous », seul un jury de pédagogues en poste devrait être habilité à décider de l’admission définitive des candidats. Il y va de la crédibilité des formations ainsi que de la valeur des diplômes délivrés.

Aussi, voudrions-nous vous inviter, Monsieur le Président, à revoir le décret N° 2013-1295 du 23 septembre et les arrêtés basés sur celui-ci ainsi que le projet de loi relative à la gouvernance des universités publiques sénégalaises adopté par le Conseil des Ministres sans l’avis des instances délibérantes académiques. Il y va de l‘adhésion et de la mobilisation de la communauté universitaire, gages du fonctionnement normal des établissements.

Veuillez agréer, Excellence, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre distinguée considération.

 


Collectif des Acteurs pour le Sauvetage de l'UGB (CAS_UGB)    Contacter l'auteur de la pétition