Tribune de la CAALAP: "FASCISME FONDAMENTALISTE ET FASCISME XÉNOPHOBE : BRISER L’ÉTAU"

FASCISME FONDAMENTALISTE ET FASCISME XÉNOPHOBE : BRISER L’ÉTAU

 

Tribune de la CAALAP

(Coordination Antifasciste pour l’Affirmation des Libertés Académiques et Pédagogiques)

19 octobre 2023

 

 

Il existe un fascisme fondamentaliste et il existe un fascisme xénophobe.

Le fascisme fondamentaliste n’a pas plus à voir avec le respect de l’islam que le fascisme xénophobe avec la défense de la citoyenneté. Mais les deux ont en commun la préconisation de l’ultra-violence comme pratique ordinaire de l’action politique : jeter à la vindicte, haïr, appeler au lynchage, au meurtre ou à la torture font partie de leur répertoire sémantique. Et il est de l’essence commune, historique autant que contemporaine, du fascisme, que le passage à l’acte, individuel, collectif ou de masse, en soit la conséquence – le recours à la force physique, après la violence verbale, étant le fondement même de ces idéologies virilistes et meurtrières.

Dans cette logique inacceptable, on ne peut s’étonner des menaces que ce ferment constant de violence peut faire peser sur des individus qu’il désigne à la haine et qu’il stigmatise comme coupables, par leurs origines ou par leurs prises de position.

Un professeur d’un lycée d’Arras vient d’être assassiné, et deux autres employés du même lycée blessés, par un meurtrier se réclamant du fascisme fondamentaliste, trois ans après l’assassinat de Samuel Paty dans les mêmes circonstances odieuses. Et, dans le même temps, les réseaux liés à « Parents vigilants », fer de lance de l’entrisme à l’école issu du mouvement d’extrême-droite Reconquête, instrumentalisent ce meurtre terrifiant pour en rendre complice sinon responsable, Sophie Djigo, professeure de philosophie en classes préparatoires. Celle-ci, déjà précédemment menacée de mort par des réseaux fascistes ultra-violents (au point d’avoir obtenu la protection fonctionnelle sous instruction judiciaire) est donc de nouveau menacée. Sur France-Inter, une éditorialiste invitée désigne à la vindicte le sociologue Éric Fassin, déjà lui-même violemment attaqué à plusieurs reprises précédemment, comme complice de ces crimes par sa dénonciation des politiques xénophobes.

Et d’autres exemples de ce même mouvement de criminalisation des défenseurs des droits sont légion, dans les dernières années, à tous les niveaux du système éducatif et universitaire.

 

Ainsi les défenseurs des sans-papiers, des exilés, des groupes discriminés, surexploités et subalternisés sont devenus la cible des idéologies racistes et islamophobes. Et les enseignants et chercheurs qui font véritablement leur travail de recherche, d’enseignement et d’éducation aux droits sont absurdement soumis à des tentatives de discrédit comme chercheurs. Cela au nom d’un principe de « neutralité » qui, instrumentalisé à des fins de censure, s’apparente soit à un pur et simple conservatisme, soit à la promotion d’idéologies ultra-violentes. Mais en outre, dans un contexte de chasse aux sorcières, ils se retrouvent accusés de « complicité objective » avec des criminels de fait … dont en réalité ils pourraient constituer, comme chercheurs et enseignants critiques, des cibles désignées.

 

Dans une période où ne sont pas comptés pour crimes les milliers de morts en Méditerranée victimes des politiques publiques xénophobes de l’espace européen, où ne sont pas comptées pour crimes les violences policières qui tuent ou mutilent militants et racisés, où sont passés sous silence les crimes coloniaux, et où les massacres de populations civiles font l’objet d’un effroi sélectif selon l’origine de leurs auteurs ; dans une période où les défenseurs de l’environnement sont qualifiés d’ « écoterroristes » et soumis à une guerre policière et judiciaire, et où ceux qui luttent contre des discriminations meurtrières sont taxés d’ « islamo-gauchisme » ; dans cette période, ce sont précisément ceux qui s’opposent à l’impunité de ces crimes et défendent leurs victimes, qui sont exposés sans protection suffisante, disqualifiés et criminalisés aussi bien par des partis haineux que par des représentants du pouvoir et leurs chiens de garde médiatiques. Doublement menacés donc : par les réseaux du fascisme fondamentaliste et par ceux du fascisme xénophobe ou de ceux qui en soutiennent les positions discriminantes.

 

C’est ce double étau que nous appelons à briser, pour défendre les exigences authentiques de l’enseignement et de la recherche. Et, plus généralement, d’une société digne de ce nom. Pour cela, nous appelons à une solidarité sans faille avec tous les chercheurs et enseignants critiques, défenseurs d’un authentique espace de démocratie. Et à refuser l’impunité contre la diffamation autant que contre les menaces physiques dont ils sont l’objet.

 

 

Premiers signataires :

 

Ligue des Droits de l’Homme – Lille

Institut Convergences Migrations 

Programme Non-Lieux de l’Exil

 

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