Lettre ouverte aux candidats à l'élection présidentielle.

Le lundi 10 Janvier 2012

 

 

Mesdames et Messieurs,

 

Nous connaissons votre sensibilité envers la question de l'éducation, et certains se déclarent profondément attachés à l'égalité de l'enseignement pour tous et en tout point du territoire. Nous désirons attirer votre attention sur les dernières fermetures de filières et d'établissements annoncées en Limousin, et leurs conséquences.

 

Des fermetures d'établissements professionnels et la fin du collège unique: des élèves qui se débrouillent tout seuls ?

L'académie du Limousin doit rendre au total 290 postes (dont 278 postes d’enseignants), ce qui se traduit concrètement par des fermetures d'établissements. A la rentrée 2012, un établissement d'enseignement adapté fermera (EREA-LEA Mille Source à Meymac), ainsi qu'un établissement professionnel (le lycée professionnel Mas-Jambost). A l'heure où Nicolas Sarkozy prône la fin du collège unique et valorise au travers de ses discours la spécialisation professionnelle, c'est une véritable hécatombe puisqu’en une seule année 11% des postes de PLP seront supprimés.

S'il n'y a plus de collège unique et si des établissements professionnels disparaissent, nous sommes inquiets pour les élèves, notamment d’origine modeste, qui vont devoir se débrouiller seuls, aller en apprentissage ou remplir les rangs de pôle emploi. V. Hugo affirmait que « celui qui ouvre une porte d'école ferme une prison », qu'en est-il de celui qui ferme une école ?

Des fermetures de filière qui programment d’autres fermetures de lycées: le droit à l'éducation pour tous menacé.

A Saint Léonard de Noblat se situe le plus petit lycée de l'académie au niveau des effectifs, mais le premier lycée public au classement de la Haute-Vienne par ses excellents résultats au baccalauréat, et le premier lycée au classement des établissements de la Haute-Vienne en fonction de la valeur ajoutée, ce qui signifie qu'en tenant compte de l'origine sociale des élèves, les résultats sont supérieurs à ceux qu'on pourrait attendre. Ce lycée, selon les projets rectoraux, n'aura plus de filière littéraire à la rentrée 2012. Les futurs élèves de la série littéraire devront alors nécessairement s'inscrire dans les établissements de Limoges. Certains devront parcourir 60 km pour rejoindre leur établissement, simplement pour pouvoir suivre l'enseignement général auquel ils ont droit. Les frais de transport et les frais d'internat ou de logement seront entièrement à la charge des familles. Comment étudier dans ces conditions ?

Au-delà, la fermeture de cette filière annonce à très court terme la fermeture pure et simple de l'établissement, qui ne peut être pérenne avec si peu d'offres de formation. La fermeture de cette filière est purement stratégique, c'est une sorte de cheval de Troie pour mieux fermer l'établissement en 2013. Les élèves des territoires ruraux de l'est de la Haute-Vienne auront désormais un avenir très  incertain. La suppression de la filière littéraire va ruiner l'avenir de l’ensemble des élèves, de toutes les manières possibles. Ceux qui seront contraints d’aller à Limoges pour rejoindre un établissement d’enseignement général auront bien plus de difficultés à obtenir le baccalauréat que s'ils restaient dans leur lycée, compte-tenu du temps de transport et de leur origine modeste. C’est donc l’égalité pour tous devant l’éducation qui est remise en cause. Mais il est encore bien plus probable que beaucoup, d’origine modeste, abandonneront leurs études dès la fin de la troisième, faute de pouvoir surmonter ces obstacles. Si des élèves abandonnent leurs études faute d’une offre publique de formation, c'est bien le droit à l’éducation lui-même qui n’est plus assuré.

 

Un territoire rural abandonné: le déménagement  du territoire !

C'est au Limousin que le ministère impose pour 2012 le plus grand nombre de suppressions de postes avec 4% de l'effectif enseignant.

Au-delà de la question éducative, c'est notre territoire dans son ensemble qu'on relègue en zone sinistrée, en méprisant tous les efforts des habitants pour faire vivre leurs campagnes, des collectivités territoriales qui ont consenti d’importants efforts financiers pour rénover et équiper les établissements afin d’accueillir décemment les jeunes.

La fermeture des établissements professionnels du Mas-Jambost et de Meymac est un coup porté à la filière bois, filière nécessaire pour le Limousin qui a besoin des qualifications qui y sont délivrées pour se développer. Quant à la fermeture du lycée de Saint-Léonard, son impact négatif sur toute l’activité économique et commerciale sera indéniable. Au moment où la commune commence tout juste à retrouver une démographie positive, c’est toute l’attractivité du territoire qui va être remise en cause.

Ajouté aux plans sociaux dans le secteur privé, aux difficultés de transport en zone rurale, aux démantèlements des autres services publics (ferrés, hospitaliers et postaux notamment) c’est tout notre territoire qui est littéralement démantelé.

 

 

C'est inacceptable car derrière ces planifications iniques, il n'y a pas que des chiffres et des ratio mais avant tout des êtres humains dont la vie sera brisée par ces décisions. C'est tel élève qui ne pourra pas suivre la formation qui constituait pour une lui une voie d'émancipation, tel professeur, impliqué dans son établissement et son environnement, qui d'être humain, se verra rabaissé au statut de « moyen provisoire ».

Nous sollicitons vivement votre soutien actif très rapidement avant que des décisions lourdes de conséquences soient actées et nous vous invitons à Saint-Léonard de Noblat, afin de pouvoir débattre des problèmes de l'éducation en se donnant le temps d'échanger. Nous vous remercions de l'attention que vous nous portez.

 

Les  élèves, les  professeurs, les personnels techniques et administratifs, les élus, les commerçants, les citoyens…qui réagissent fortement à ces annonces.

 


Lycée de Saint Léonard en danger.    Contacter l'auteur de la pétition