Contre l’expulsion de Tahir!

Lettre ouverte au Président du Conseil d’Etat du Canton de Genève

Monsieur le Président du Conseil d’Etat,

Tahir Tilmo est détenu à Favra depuis ce lundi 7 septembre en vue de son expulsion dans son pays d’origine, l’Éthiopie, programmée pour le milieu de la semaine prochaine. Ses amis font tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher son expulsion qu'ils jugent inacceptable.

Tahir fait partie des premiers participants des cafés solidaires qui se tiennent chaque semaine depuis le printemps 2017 à la cafétéria de l’Université de Genève (https://www.unige.ch/fapse/cite/cafes-solidaires/), ainsi que des participants au programme Uni-R de 2018 et 2019. Tahir en a toujours été un membre actif, connu et apprécié par le groupe pour son sourire, sa disponibilité et sa tranquillité inébranlable. Ayant un diplôme universitaire et une grande culture générale, Tahir apportait également beaucoup de richesse aux échanges.

Toutefois, ces six derniers mois, ses amis ont assisté, démunis, à l’accroissement insidieux de l’anxiété chez Tahir. Bien qu'il ne partage que très peu sa souffrance, ses amis peuvent attester de son extrême détresse, malgré le soutien psychiatrique et médicamenteux dont il bénéficie. Tahir ne dort pratiquement plus, il mange de moins en moins et ne sort quasiment pas de sa chambre du foyer d'Anières. Au vu de sa condition de santé, il semble totalement impensable que Tahir soit renvoyé actuellement.

La détresse de Tahir est à la mesure des risques qu’il estime courir dans son pays. Il passe son temps à regarder et partager les informations sur sa communauté, la communauté Oromo, pour laquelle il était fortement engagé en Ethiopie, le mettant en péril et le forçant à quitter son pays. Il fait régulièrement part des violences qui ont repris ces derniers mois. Il a raconté à ses amis l’assassinat de son oncle en pleine rue, et celui du chanteur Hachalu Hundessa fin juin. Ce dernier événement a lancé un important mouvement de contestation anti-gouvernementale, durement réprimé comme l’attestent divers organismes internationaux tels que Human Rights Watch (https://www.hrw.org/news/2020/08/15/ethiopia-opposition-figures-held-without-charge).

Par ailleurs, Tahir représente un bel exemple d’intégration. Arrivé en Suisse il y a 5 ans, mais débouté et sans droits depuis plus de deux ans, il a néanmoins appris le français et a tissé un large réseau d’amis ‘autochtones’ qui non seulement l’apprécient, mais tiennent profondément à lui. En outre, son diplôme universitaire (de l'Addis Ababa University commercial college) et les nombreuses langues qu’il maîtrise (amharique, anglais, arabe, tigrinya) lui permettraient d’apporter une réelle contribution au développement de notre société suisse. 

Au vu de sa magnifique intégration et de sa grande vulnérabilité actuelle, il faut que les autorités compétentes réévaluent leur décision de renvoyer Tahir. Nous comptons sur votre soutien.