Les écrivains ne sont pas des mendiants.

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Nous, les acteurs de la plume, demandons qu'une table ronde soit organisée afin d'étudier la possibilité d'inscrire une juste rémunération dans la législation.

Nous demandons que les contrats qui lient les écrivains aux maisons d'édition soient réglementés et qu'une possibilité d'arbitrage offre aux auteurs non seulement le droit de se défendre mais un libre accès à la justice.

 Et enfin, nous demandons que les auteurs belges publiés à l'étranger soient reconnus par la fédération Wallonie Bruxelles sous certaines conditions.

Les maisons d'édition réclament un système de référencement unique pour toute la zone européenne.  La simplification des démarches administratives pour être reconnu par la fédération Wallonie-Bruxelles. 

 

 

Madame la Ministre Hadja Lahbib, ministre des Affaires étrangères, des Affaires européennes et du Commerce extérieur, et des Institutions culturelles fédérales, Madame la Ministre Bénédicte Linard, Vice-Présidente et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des Femmes, Monsieur Tanguy STUCKENS, Député-Président du Collège provincial

 

Ce dimanche 10 mars dernier, l'écrivain belge Philippe De Riemaecker a adressé un courriel à Monsieur Tanguy STUCKENS, Député-Président du Collège provincial en réponse aux exigence inacceptables de la librairie Graffiti dans le cadre de l'accueil que propose la province du Brabant Wallon au salon du livre de Bruxelles.

L'auteur relevait la situation déplorable qui touche les métiers de la plume au sein de notre pays.

Dans cette missive il écrivait:

Monsieur le Député,

En réponse à votre courriel pour lequel je vous remercie, vous noterez mon étonnement en lisant votre retour.  J’ai évidemment pris note que la librairie Graffiti gardait toute votre confiance, confiance qui n’a jamais été remise en doute. Ce n’est pas mon propos et ce n’est pas mon rôle.

Vous aurez également compris que je ne mets en aucune façon en cause les motivations de votre institution à mettre en lumière la qualité des artistes de notre région.  Par mes propos, j’essaye de souligner une situation devenue intenable pour les créateurs, des conditions à ce point banalisées que, de façon non intentionnelle, vous, les instances officielles, placez les auteurs en marge de la légalité.  Vous n’ignorez pas que la vente à perte est interdite par l’article VI.116 du Code de Droit économique qui stipule qu’ « il est interdit à toute entreprise d’offrir en vente ou de vendre des biens à perte ».  Je passe sous silence les débats qui se sont tenus à la Cour de cassation ; la loi est inscrite, elle doit être respectée.

J’ai, comme il se doit, pris connaissance de la réponse de la librairie Graffiti évoquant ses frais de fonctionnement.  Quoique je n’ignore pas qu’une librairie est confrontée à différentes dépenses, ces propos semblent sous-entendre que les auteurs n’en ont pas, qu’ils ne méritent aucune considération, puisque la librairie fait l’impasse sur nos maisons d’édition en nous faisant endosser des fonctions pour lesquelles nous ne sommes pas compétents.  Ce n’est pas le rôle de l’auteur d’effectuer le travail de la distribution, on mélange les fonctions.

 Permettez-moi de vous rafraîchir la mémoire.

Un auteur gagne en moyenne 10 % sur chaque livre vendu. Parfois plus, parfois moins.

Un livre annoncé à 22 euros laisse donc une marge de 2,2 €

La librairie, dans le cas présent, s’octroie une marge de 35 % c’est-à-dire : 7,7 €.

De ces 2,2 €, l’auteur retirera ses frais de déplacement, à savoir, en ce qui me concerne, Orp-Waterloo par deux fois, la première pour apporter les livres à la place de l’éditeur et la seconde pour reprendre les invendus.

À juste titre, vous me direz que l’auteur est libre d'acheter ses livres à compte propre, c’est-à-dire à 40 % soit, un montant de 8,8 €.  

8,8€ moins 7,7€, le calcul est simple. Il reste à l'auteur 1,1€ hors frais de déplacement et frais d’envoi par l'éditeur à l'auteur.  Nous sommes donc confrontés à une vente à perte, ce qui est interdit par la loi.

En suivant le raisonnement de Graffiti, chaque auteur se doit d’apporter ses livres à la librairie.  Cette simple demande est discriminatoire.  Un auteur habitant, à titre d’exemple, à Lasne, se voit privilégié en comparaison d’un auteur se situant à Hélécine.  Là encore, c’est le rôle des distributeurs de se charger de cette mission.

Je n’ose croire que votre institution cautionne cette pratique et, si tel est le cas, il serait intéressant de savoir si, dans ce cas précis, elle ne se positionne pas en dangereuse promotrice de l’immoralité.

La porte-parole de la librairie Graffiti se plaint des frais qu'elle doit consentir. Elle a raison, son salaire en fait partie, salaire dont l’auteur ne bénéficie pas.  Et pourtant, il doit fournir un travail réparti sur plusieurs années, se charger de la correction, démarcher les éditeurs, courir derrière la possibilité d’être placé en librairie, en espérant que les librairies payent en retour les livres vendus.  Car oui, Monsieur le Député, nombreux sont les libraires qui n'honorent pas leurs factures ou qui vous rendent vos ouvrages dans un tel état que vous n’oseriez pas même les offrir.  Et que dire de certains éditeurs qui ne respectent pas leurs contrats, puisqu'ils ne seront que rarement assignés au tribunal pour d'évidentes raisons financières.

Quoique chacun porte ses qualités et ses défauts, les artistes méritent autre chose que les miettes qu’on jette sous la table.  Non, Monsieur le Député, nous ne sommes pas des mendiants, nous écrivons l’histoire, la vie et, par notre travail, laissons des témoignages aux générations suivantes.  

J’ai été touché d’être invité par vos institutions à présenter mes œuvres à la Foire du Livre de Bruxelles et je vous en suis reconnaissant.  Même si votre invitation est honorable, je ne puis m’abaisser à brader mes œuvres, tout en dévalorisant mon travail.  Nous ne sommes pas des acteurs de seconde main, nous sommes l’image de notre région, de notre pays ; et si, Monsieur le Député, vous veniez à considérer que notre appel à l’aide est une démarche de pur orgueil, vous aurez probablement raison de nous obliger à vivre notre métier passion sous le seuil de l’indigence.

En vérité, je remercie la librairie Graffiti de m’avoir ouvert les yeux.  Il est temps que les auteurs se fassent entendre, car finalement, ce n’est qu’une question de moralité.

 Philippe De Riemaecker

C'est par solidarité et nécessité que je me joins à son appel pour qu'enfin le monde politique se penche sur la question, c'est à dire: quelle est réellement la place du créateur au sein de notre économie de marché.

Nous, les acteurs de la plume, demandons qu'une juste rémunération soit inscrite dans la législation.

Nous demandons que les contrats qui lient les écrivains aux maisons d'édition soient réglementés et qu'une possibilité d'arbitrage offre aux auteurs non seulement le droit de se défendre mais un libre accès à la justice.

 Et enfin, nous demandons que les auteurs belges publiés à l'étranger soient reconnus par la fédération wallonise Bruxelles sous certaines conditions.

 En attendant votre réponse, je vous prie d'agréer Madame la Ministre Hadja Lahbib, ministre des Affaires étrangères, des Affaires européennes et du Commerce extérieur, et des Institutions culturelles fédérales, Madame la Ministre Bénédicte Linard, Vice-Présidente et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des Femmes, Monsieur Tanguy STUCKENS, Député-Président du Collège provincial d'agréer l'expression de mes sentiments respectueux.


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