Lettre Ouverte à l'attention de Monsieur le Maire Philippe Bodard

Monsieur le Maire,

Nous avons appris avec consternation l’invitation à l’ initiative du RESO 49 une association sous forme de parti politique que vous avez porté sur les fonts baptismaux conformément à votre promesse de campagne, du sieur Moussa Ag Assarid pour animer une conférence sur le thème : "Mali, quel avenir après l'intervention militaire ?" prévue le Jeudi 21 février à 20 H30 à la salle Centre Jean Carmet de votre sympathique commune au moment où les troupes françaises sont engagées à nos côtés pour mettre fin à l’horrible agression contre notre pays, perpétrée par des hommes sans foi ni loi et dont justement fait partie, votre conférencier. Convenez avec nous que même si la liberté d’expression est l'une des premières libertés politiques et plus généralement l’une des premières libertés fondamentales, des restrictions telles que la calomnie, la diffamation et l’incitation à la haine lui sont imposées.

Leur intention se veut peut-être noble, mais en envisageant de donner la parole à une personne qui s’est rendue coupable par le biais de son mouvement (Le MNLA), de crimes inqualifiables, ont-ils eu un temps sois peu, à l’esprit toutes ces mères éplorées, ces épouses inconsolables qui ont vu une centaine de leurs enfants, époux, froidement égorgés au coutelas un jour du 17 Janvier 2012 à Aguelhok ?

En lui accordant l’occasion inique de cracher une fois encore son venin sur ce pays meurtri sont-ils persuadés que vos innocents administrés qui feraient le déplacement auraient accepté même pour une minute, d’être à la place de ces centaines de maliens, parents de filles victimes de viol au nord du Mali pendant que ses lugubres acolytes l’occupaient par la force des armes et lui s’en réjouissait coupe de champagne à la main dans son domicile angevin?

Ont-ils seulement idée des cris déchirants et de la détresse de ces jeunes filles, épouses, mères de toutes les ethnies confondues, entrainées de force dans la nuit noire pour se voir infliger le plus affreux des outrages ? Avez-vous pensez à l’avenir de toutes celles à peine sorties de l’enfance, qui se sont vues voler leur virginité et souillées de cette horrible façon ? Vous, l’homme du pays de la Liberté, de l’Egalité, de la Fraternité, oui eux, illustres descendants du pays des droits de l’homme, avez-vous pensez à cela ? Ont-ils eux pensé à cela ?

Leur conférencier, commanditaire de ces crimes odieux n’en a cure ! Lui et sa clique de brigands patentés qui n’ont pas hésité un seul instant à s’allier à des criminels sans acabit, semant mort et désolation sur leurs passages, pour des intérêts égoïstes.

Nous ne saurions les en vouloir de les avoir invités. Nous ne saurions vous en vouloir de le cautionner tout comme ne sauraient vous en vouloir les orphelins martyrs d’Aguelhok à peine âgés de 2 et 4 ans qui ont vu leurs parents assassinés à coup de pierres sous leurs yeux, coupables d’avoir été unis selon les rites traditionnels et non selon la volonté de leurs bourreaux. Peut-être vous ou eux, aviez-vous déjà songé à l’avenir de ces deux malheureux enfants monsieur le maire ?

Non, nous ne saurions vous en vouloir, même à eux , tout comme ces milliers d’hommes et de femmes de Gao, Tombouctou, Kidal et toutes ces zones assiégées, privés pendant 11 longs mois de la plus petite liberté ne sauraient vous en vouloir.

Nous ne saurions vous en vouloir de donner votre bénédiction toute démocratique à cette énième coup de poignard dans le dos de tous les maliens, tout comme vos administrés qu’ils s’apprêtent à embarquer dans une hypothétique danse de sorciers, ne sauraient vous en vouloir.

Non, nous ne saurions vous en vouloir parce que vous ne saviez pas !

Non, nous ne saurions en vouloir à vos protégés du RESO 49 parce qu’ils ne pouvaient pas savoir !

Vous comme eux, ne pouviez pas savoir que les mains de Moussa Ag Assarid sont souillées de sang, du sang des maliens et maliennes de toutes origines, souillées du sang de votre compatriote Damien BOITEUX mort pour la France au Mali. Oui du sang de Damien BOITEUX mort pour que les maliens, dans leur grand ensemble, retrouve la paix et la liberté ! Oui du sang de ce valeureux soldat qui est parti à jamais, laissant derrière lui, une épouse inconsolable, un fils désespéré et une mère meurtrie!

Nous savons que vous, eux, ne pouviez pas savoir car nul n’est à l’abri de la tromperie, de la roublardise et de la duplicité de ce scorpion et de ses complices!

Mossa Ag Assarid est un vautour qui s’est présenté à vous sous les allures d’une blanche colombe. Comme la grenouille de La Fontaine Fable, il se veut faire aussi gros qu’un bœuf. Il finira tout comme la pauvre grenouille, donnons juste le temps au temps. C’est un proverbe de nos frères touaregs qui enseigne que la nuit aura beau duré, le soleil finit toujours par se lever !

Maintenant que vous savez ce que vous ne saviez pas, êtes-vous toujours résolus à cautionner une telle forfaiture ?

Maintenant que nos amis du RESO 49 savent ce qu’ils ne savaient pas, sont-ils toujours volontaires pour assumer cette conférence de la honte ?

Maintenant que vous, vous savez, le pensez-vous digne de s’exprimer devant vous et vos honnêtes administrés ? Nous en doutons fort mais qui sait ? Chez nous, on a coutume de dire : « Qui connait Papa de Chien » ? Juste pour dire qui sait quelles sont leurs motivations secrètes ou les vôtres ?

Leur fameuse conférence s’ils y tiennent toujours, peut bien avoir lieu aux dates, heures et salles indiquées sans que personne ne trouve rien à redire. Moussa Ag Assarid et la vingtaine d’individus qu’ils représentent, sont de « gentils » terroristes responsables, n’assumant pas leurs forfaits et qui appliquent sans sourciller la politique du « ce n’est pas nous, c’est eux ».

Sincères, on ne peut un seul instant douter que de par la voix de leur expert en contrefaçon, ils diront au cours de cette conférence, tout est la faute du Mali de l’avenir duquel votre RESO 49 souhaite qu’il parle. Comme par exemple les crimes et exactions dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal qui ont glacé d’effroi les âmes bien pensantes de par le monde depuis leurs premières attaques armées et leurs idylles avec les fous de Dieu et Al Quaïda au Maghreb Islamique. C’est sûr qu’à cette conférence, on ne les entendra pas dire qu’ils ont proclamé l’indépendance d’un état imaginaire sur une partie du territoire malien et que eux ne se reconnaissent pas jusqu’à ce jour, maliens. Ils ne protégeaient que leurs peuples même si ceux-ci ne leur ont jamais demandé de les protéger de quoique ce soit. Ils ne diront jamais qu’ils se muent en maliens au gré de leurs intérêts morbides. Maliens le jour, Azawadiens la nuit ! Ils accepteront d’être maliens pour les besoins de leur petite conférence qu’ils veulent grande et les remercieront de n’avoir pas fait l’erreur d’inviter d’autres maliens qui détestent de toutes leurs âmes le Mali, pour parler de l’avenir du Mali après l’intervention militaire. Rassurez-vous, Moussa Ag Assari épargnera aux chastes oreilles de ceux qui vous ont élu, les détails des viols, vols, tueries, Flagellation, amputation et autres crimes qu’ils ont commis.

Donc monsieur le maire, nous voyons que vous et vos protégés ne cherchez pas à traficoter la vérité sur le drame qu’a vécu le Mali, ce pays ami comme l’a si bien signifié Monsieur François Hollande, Votre Président de la République pour blanchir votre ami et ses amis…Et malheureusement, c’est le cas !!!

Seulement nous voulons bien croire que vous n’ajouterez pas l’injure à la blessure. Le mali ne mérite pas un tel mépris car il a vécu le joug terroriste dans sa chair, dans son âme, dans le viol de sa conscience et de ses femmes. Comme toutes les sociétés de culture, c’est un pays de tolérance, d’humilité et de paix dixit notre Président de la République.

Nous ne saurions vous quitter sans partager avec vous cher monsieur, ce proverbe touareg : « Mieux vaut voir qu'entendre parler. »

Salutations respectueuses.

Par des citoyens maliens et les amis du MALI

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