Jerba au Patrimoine Mondial

L’île de Jerba, l’étoile du sud, sur le chemin du patrimoine mondial ! En dépit des inquiétudes et des cris d’alarme de la population îlienne, malgré les mises en garde des associations, des collectivités locales et les procédures judiciaires, les graves atteintes aux richesses naturelles et patrimoniales continuent de nuire à la spécificité séculaire et au charme légendaire de l’île de Jerba, un site géographique culturel, historique et naturel unique en Méditerranée. Sans pudeur, et au préjudice des intérêts collectifs, les contrevenants créent pour leurs activités fébriles essentiellement lucratives, de monstrueuses infrastructures lourdes de conséquences, engendrant toutes sortes de nuisances perpétrées au détriment de l’environnement et du patrimoine commun. Citons parmi tant d’exemples, des monuments historiques et des sites naturels qui ont été, en raison du laxisme des autorités, phagocytés par les interventions sauvages, et violemment agressés par les réalisations illégales faites sans aucune entrave, même dans les zones humides classées dans la liste Ramsar non aedificandi, c’est à dire interdites à la construction et à toute exploitation irrationnelle. Soucieux du devenir de l’île et du mauvais état de ses ressources non renouvelables, amis et défenseurs, intellectuels et fils de l’île ont relancé l’initiative de l’inscription de Jerba, sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Humanité. Un projet fut confié à la compétence des spécialistes pour son élaboration. Ce même projet majeur fut présenté, à l’occasion de la cession de l’Unesco de 2012, par l’ancien ministre de la Culture M. Ez-Eddine Bach-Chaouech. Les mérites reviennent aussi à des fonctionnaires et à des hommes de grandes qualités intellectuelles qui se sont emparés du dossier, en vue de l’enrichir de preuves et de justifications et d’arguments adéquats, avec l’objectif de convaincre la Commission de l’Unesco, lors de l’examen de la juste et noble cause de l’île. L’on doit faire observer aux quelques rares réticents que l’Unesco a déjà enregistré sur sa liste près d’un millier de lieux dans le monde. En tant que membre à part entière, le gouvernement tunisien a sollicité l’inscription sur la liste du patrimoine mondiale une partie de notre patrimoine, entre autres Carthage, Dougga, Sidi Bou-Saïd, Kesra, Sousse, Kairouan… et peut être bientôt Sfax. Il s’agit en fait d’une coopération sous forme de partenariats qui se traduit par l’engagement permanent de l’Unesco d’assurer, dans le cadre de la solidarité internationale, la surveillance, la préservation des monuments d’art et de culture de valeur universelle, la restauration des chefs d’œuvre en péril et de trouver en cas de nécessité, avec l’aide des experts, des solutions avant qu’un site ne se dégrade, qu’un monument d’art ou de culture ne se détériore au point de tomber en ruine… Ce qui revient à dire que ce projet n’a pas pour objectif d’entraver les activités sur l’île et encore moins d’imposer des règles arbitraires à ses habitants. Que celles et ceux (femmes et hommes tunisiens ou amis étrangers) qui, sensibles à l’idée de la transmission du patrimoine culturel ancestral aux générations futures, soutiennent ce projet proposé à l’Unesco par le ministre de la Culture du gouvernement de la République Tunisienne, apposent leur signature… C’est aux femmes et aux hommes de bonne volonté et épris de démocratie et de liberté que nous nous adressons, afin de leur exprimer par avance nos remerciements pour leur appui accompagné de leurs efforts participatifs et de saluer le dévouement avec lequel les responsables de l’Institut National du Patrimoine chargés d’instruire le dossier et toutes les personnes amies se consacrant à la sauvegarde de Jerba, à la préservation de ses mémoires millénaires. Conjuguées, solidarité et action collective éveillent la conscience ; elles brisent le silence sur la pérennité de certains usages et agissements pernicieux sur l’île de Jerba, étant un site géographique, culturel et historique unique, se heurtant pour l’heure, à des périls redoutables ! Seules les futures mesures correctives sont d’autant plus de nature à épargner l’environnement et à préserver la qualité de vie, que l’intervention de l’Unesco, en matière de protection de nos richesses patrimoniales, s’avère comme une nécessité inéluctable pour que l’île retrouve sa tranquillité et qu’elle devienne une terre d’accueil à dimension humaine, réconciliée avec sa nature et son tourisme ; somme toute, une nature propre et saine, et un tourisme de qualité, intégré et durable.