MJIE : PAR NOMBRE DE JEUNES PRIS EN CHARGE

SNPES PJJ FSU ALPES VAUCLUSE

/ #8 LETTRE OUVERTE à Mme SULTAN

2014-02-19 08:04

Section Alpes/Vaucluse
MJIE : DIAGNOSTIC PARTAGE... CONDITIONS DE TRAVAIL DEGRADEES

Lettre ouverte à Mme Sultan, directrice nationale de la PJJ

Nous venons d'apprendre que la DPJJ ne retient pas l'avis adopté par le Comité Technique de l'inter-région PACAC réuni le 28 novembre 2013, qui concernait le travail inter-disciplinaire dans le cadre des MJIE. Cet avis a pourtant été voté à l'unanimité par les trois organisations professionnelles (SNPES/FSU/PJJ- CGT /PJJ –SPJJ/UNSA) et par l'administration. Nous souhaitons vous faire part de notre incompréhension devant ce refus, qui non seulement ne nous paraît pas fondé sur le fond mais qui de plus discrédite totalement les instances de dialogue social.
Sur le fond , à l'appui de bon nombre d'analyses, l'avis met en avant la nécessité d’une égalité de traitement dans le calcul du temps de travail pour les MJIE entre les psychologues et les autres professionnels (éducateurs, ASS). C'est ce calcul qui est remis en cause par la DPJJ.
Le comité technique avait donné lieu à un long travail de préparation, d'analyse et de réflexion. Il faisait suite à de nombreux travaux préparatoires sur les différents départements de la région et répondait à un véritable besoin exprimé dans ces collectifs de travail qui ont mobilisé des professionnels de toutes catégories.
Aujourd’hui, les MJIE représentent une part grandissante du travail de certaines unités de milieu ouvert. La majorité de ces mesures sont ordonnées dans un cadre civil et concernent de très jeunes enfants en situation potentielle de danger. En outre, notre territoire Alpes/Vaucluse est extrêmement étendu et exige, par conséquent, des déplacements multiples et longs. De nombreuses familles sont directement touchées par la crise économique, confrontées à la quasi-absence de transports, ce qui implique que nous devions aller à leur rencontre, afin que ces mesures puissent tout simplement être menées à bien. Ce contexte génère des temps de trajet très importants pour tous les professionnels, y compris les psychologues. C'est pourquoi ce n’est pas en termes conjoncturels, mais bien structurels que doit se poser la question du travail sur les mesures d’investigation aujourd’hui.
Il est incompréhensible qu’on prenne comme indicateur pour les psychologues le nombre de mesures et non le nombre de jeunes. Une ordonnance de MJIE est individuelle ; même si elle ordonne une investigation pour plusieurs enfants, chacun d'eux a une problématique spécifique et les décisions qui seront rendues ensuite par le magistrat ne seront pas forcément identiques pour l'ensemble de la fratrie. Les psychologues travaillent avec chaque enfant séparément, consacrant pour certaines fratries des temps de déplacements et d’entretiens particulièrement complexes et chronophages. Dans certaines unités, les MJIE concernant des fratries sont légion et le nombre d’enfants se situe dans une moyenne de 4 enfants. Comment dans ces conditions continuer d’évaluer le temps de travail des psychologues avec l’indicateur des mesures et non des jeunes, d'autant que ces professionnels devraient pouvoir intervenir, pour moitié de leur temps, dans d'autres types de mesures.
Ce refus, et donc le maintien d'un calcul par « mesure » et non par « jeune » pour les seuls psychologues, ne peut être en aucun cas motivé par le souci de l'intérêt des familles ni par la recherche d'une qualité du service public rendu par la PJJ. Nous craignons que le seul argument qui puisse être avancé soit d'ordre comptable. Accepter que le travail des psychologues dans les MJIE soit comptabilisé par jeune et non par mesure pourrait en effet impliquer la nécessité d'augmenter le nombre de postes de psychologues dans notre région...
Est-ce donc pour cela que la réalité professionnelle des agents placés sous votre autorité doit être niée ? Que la qualité de leur intervention doit être piétinée ? Que l'avis des agents doit être méprisé alors même que vous le sollicitez par ailleurs ?
En effet, la remise en cause d'un avis rendu à l'unanimité après de nombreuses réunions de travail dans les services décrédibilise pour le moins l'intérêt affiché officiellement par la DPJJ pour le « dialogue social » et nous interroge sur la pertinence et la sincérité de sa démarche de « diagnostic partagé »... A l’heure où dans nos services des débats constructifs se déroulent autour de ce diagnostic partagé, il serait incompréhensible, et pour tout dire démotivant, de devoir constater qu'un avis voté à l’unanimité en CTIR est purement et simplement ignoré et méprisé. Cela alimenterait fortement ce sentiment très partagé malheureusement, que l’avis des professionnels de terrain est plus futile qu’utile aux yeux de l'administration.
L’avis voté au CTIR s’imposait face à la situation objective de notre région. Refuser d'en tenir compte ne sert ni l'intérêt des mineurs qui nous sont confiés, ni la nécessité de renouer avec un dialogue social productif et respectueux.
C'est pourquoi, compte tenu de ces éléments nous vous sollicitons pour que l’avis voté au CTIR PACAC puisse être mis en œuvre sur l’inter-région.
Avignon, le 21 janvier 2014
la section Alpes/Vaucluse