Contre l'obscurantisme

 

Dans le cadre de l’assainissement de la situation politique dans notre pays, le Ministère de l’Intérieur est en train d’accorder de nombreuses autorisations à des formations politiques et des associations.
Cette libéralisation de la vie politique est certes un acquis de la révolution et est, à ce titre, un élément important de la construction démocratique dans notre pays. Toutefois, un visa a été récemment accordé au  mouvement Ennahdha qui ne cache nullement que le cadre dans lequel doit se déployer l’action politique et l’organisation de toute la société est selon lui, l’islam ;
C’est donc au nom de l’islam que hamadi Jebali, porte parole du mouvement, a pu déclarer, dans une interview à Réalité, que les châtiments corporels sont licites parce que permis par l’Islam : justifiant ainsi la peine de mort, la torture, les violences à l’égard des femmes, la lapidation et, pourquoi pas,  qu’on coupe la main du voleur ; bien que se réclamant de la Démocratie et des droits de l’Homme et allant même, selon ses déclarations, jusqu’à ne pas remettre en cause les acquis des droits des femmes contenus dans le CSP, le mouvement Ennahdha se présente ouvertement comme un parti religieux dont le seul référent est l’Islam. 
C’est aussi au nom de l’Islam qu’un parti salafiste radical comme le parti Ettahrir n’hésite pas à déclarer, dans une conférence de presse récente que tout parti contraire à l’Islam serait interdit sitot qu'ils auraient le pouvoir; ne reconnaissant ni les conventions internationales, ni les institutions démocratiques, ni même toute forme de gouvernement autre que le Khalifat auquel ils disent ouvertement vouloir retourner, les salafistes du parti Ettahrir veulent nous ramener des siècles en arrière et n’hésitent pas à se réclamer d’une lecture rigoriste de l’Islam. Ils n’hésitent pas non plus à jeter l’anathème sur tous ceux qui n’interprètent pas le texte religieux dans leur sens et à développer un discours de violence fanatique.
Ces actes de violence ont déjà commencé à se manifester par des manifestations aux slogans agressifs et intolérants et pour contrer, comme récemment à sousse, une manifestation de progressistes laiques.
Or nous nous réclamons de la Démocratie, du progrès social, de la liberté et la révolution faite par le peuple tunisien et sa jeunesse avait pour objectifs de conquérir cette dignité citoyenne qui a permis de renverser la dictature de Ben Ali et du RCD au pouvoir depuis des décennies : les consciences se sont éveillées et réclament une république juste, démocratique et égalitaire. C’est pour elle que sont morts, dans la fleur de l’âge, nos martyrs.
Pourtant, le mouvement Ennahdha, sous les aspects d’un discours de démocrates, ne cache d’autre ambition que l’instauration d’un type de gouvernement , de lois et de fonctionnement social à caractère religieux ; pourtant le Parti Ettahrir affiche avec insolence son radicalisme fanatique qui n’aura d’autre but que de museler les libertés et les droits et en particulier ceux des femmes dont le statut ne sera défini que par rapport à ce que leur interprétation de l’Islam édicte. Ces deux formations politiques vont à l’encontre des buts et objectifs de la révolution et sont à ce titre à proprement parler, contre-révolutionnaires. Mais ils ne sont pas que cela.
Le mouvement Ennahdha et le Parti Ettahrir sont des partis qui, selon l'article 8 de la constitution (paragraphes 3,4,5,) ne devraient meme pas exister : en effet dans ces paragraphes, il est clairement dit que les parti politiques « doivent être organisés sur des bases démocratiques, respecter la souveraineté du peuple, les valeurs de la république, les droits de l’homme et les principes relatifs au statut personnel » (par3) ; qu’ils s’engagent « à bannir toute forme de violence, de fanatisme, de racisme et toute forme de discrimination » (par4) ; qu’un parti politique « ne peut s’appuyer fondamentalement dans ses principes, objectifs, activités ou programmes sur une religion, une langue, une race, un sexe ou une région » (par5). Or, Les déclarations du mouvement Ennahdha comme du parti Ettahrir sont en contradiction totale avec ces dispositions :  ces partis sont donc aussi anti-constitutionnels.
Nous ne devons à aucun moment donner lieu à une possibilité de retour sur les acquis du peuple, des femmes et de la république, ceux d' avant la révolution et ceux d'après, encore moins favoriser le retour à une dictature beaucoup plus totalitaire que celle que nous avons connue.
C’est pourquoi nous réaffirmons notre attachement :
- à la révolution démocratique tunisienne et notre volonté d’œuvrer en faveur de l’édification d’une république réellement démocratique dans notre pays.
- aux acquis du peuple tunisien et des femmes tunisiennes depuis l’Indépendance concrétisés en particulier dans le régime républicain et dans le code du Statut Personnel et toutes les lois en faveur des droits des femmes.
Nous nous déclarons mobilisés pour lutter contre toutes les tentatives de retour en arrière qui aurait pour but de remettre en cause ces acquis et pour réaliser les aspirations à la justice sociale, à l’égalité et à la démocratie de tout le peuple tunisien.
C’est pourquoi :
- Nous considérons que les partis à caractère religieux tout comme les partis à caractère raciste doivent être considérés comme anti-constitutionnel et à ce titre interdits.
- Nous tenons à rappeler que, tout comme le racisme, le fanatisme n’est pas une opinion et que l’incitation à la violence dont il est porteur devrait tomber sous le coup de la loi qui sanctionne les violences sous leur forme réalisée ou incitative.