Rainette faux-grillon de l'ouest - sauvegarde de la métapopulation de La Prairie

RFGO_2016__PBlais2.jpgCrédit: Philippe Blais, 2016

 

La Rainette faux-grillon de l’Ouest était particulièrement présente en Montérégie. Cependant, un déclin continu a été observé depuis les 75 dernières années. En 2009, il était estimé que plus de 90 % de l'aire de répartition historique de l'espèce a été détruit, ce qui consacrait de plus en plus son statut précaire.

17 juillet 2016  - Devant l'échec de la protection des milieux humides et l'étalement urbain dans les dernières décennies, un décret fédéral d'urgence a été mis en place par le gouverneur en conseil pour protéger la métapopulation de la Rainette faux-grillon de l'Ouest située à La Prairie. Les municipalités de La Prairie, de Candiac et de Saint-Philippe sont concernées.

8 décembre 2021 – La Vigile verte a envoyé une lettre à l’honorable Steven Guilbeault, Ministre de l'Environnement et du Changement climatique, pour indiquer que nous croyons qu’un décret d'urgence pour protéger une espèce menacée est un statut transitoire. C'est un tremplin vers un autre statut permanent de conservation qui devrait avoir une continuité logique afin de consolider les objectifs de la mesure d’urgence mise en place.

Trois ajustements au protocole du décret avaient été demandés en attendant un statut permanent de conservation pour tout l’habitat restant de la Rainette faux-grillon de l’Ouest :

1) Permettre de rétablir mécaniquement le niveau d'eau favorable pour la reproduction dans cet habitat, puis recréer ou réussir à conserver les dépressions remplies d'eau temporairement.

2) Permettre le contrôle de la pollution comme menace à la conservation et protection, donc au minimum permettre le nettoyage des matières résiduelles qui se retrouvent dans la zone du décret fédéral.

3) Permettre le contrôle des espèces exotiques envahissantes qui menacent la survie de l’espèce. Par exemple, les feuilles de nerprun sont toxiques lorsqu'elles tombent dans les étangs temporaires où la Rainette faux-grillon de l’Ouest se reproduit.

En 2024, le ministère a publié la Politique sur l’évaluation des menaces imminentes en vertu des articles29 et 80 de la Loi sur les espèces en péril: espèces terrestresComme indique cette politique, si le ministère dispose de suffisamment de renseignements indiquant que l’espèce sauvage ne serait plus exposée à une menace imminente pour sa survie ou son rétablissement, même en cas d’abrogation du décret, il entreprendrait une évaluation de la menace qui a mené à la recommandation du décret d’urgence en se fondant sur l’information la plus récente.  Le ministère examine si les récents changements de zonage municipal* pourraient avoir des implications sur le décret d’urgence. 

*modification de zonage de la Ville de Saint-Philippe : 501-20-01 partie 10 « de créer la zone P-42 à même partie de la zone H-04 et d'y autoriser l’usage « Parcs et espaces naturels et récréatifs » ».

 

Règlement sur le zonage - Article 68 – Ville de Saint-Philippe

Catégorie « Parcs et espaces naturels et récréatifs » Est un usage de cette catégorie un lieu utilisé pour ses caractéristiques soit récréatives extérieurs, avec la présence de modules de jeux, de plateaux sportifs extérieurs, de sentiers pédestres ou cyclables, ou soit environnementales, avec la présence d’espaces laissés à l’état naturel à des fins de conservation ou aménagés à des fins récréatives ou contemplatives, tels que des plateaux sportifs ou des sentiers. Appartient aussi à cette catégorie d’usage un cimetière ou un lieu de sépulture. Cette catégorie est permise dans une zone lorsqu’à la grille de cette dernière un point (« ● ») se trouve à la ligne correspondante à la catégorie. Un usage de cette catégorie se matérialise sur l’immeuble essentiellement par la présence d’équipements ou d’aménagements destinés à l’accueil du public. Les bâtiments qu’on peut y retrouver sont d’ordre accessoire.

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C’est le corridor de connectivité (boisés et anciens champs) situé à l’est du projet industriel de la Ville de Saint-Philippe aux limites de La Prairie et Candiac qui permettrait aux animaux dans la zone de décret sur le territoire de Candiac de rejoindre potentiellement les autres dans une partie du parc de conservation du marais à La Prairie et ce qui reste du Grand boisé pour le moment (phase V-VI de Symbiocité en arrêt) où il y a la piste de ski de fond no.7.

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Le ministère a publié l’avis d’intention afin de rendre publique son intention d’évaluer la nécessité de maintenir en place le décret, et afin de donner aux parties intéressées l’opportunité de partager des informations qui pourraient être pertinentes pour l’évaluation du ministère.

L’évaluation de ministère prendra en considération les meilleurs renseignements disponibles sur :  

1) Les activités dans l’aire d’application du décret d’urgence qui pourraient menacer la métapopulation de La Prairie si le décret était abrogé, notamment la probabilité d’occurrence et la date de réalisation de ces activités ;  

2)Les répercussions potentielles des activités sur la métapopulation de La Prairie ;  

3)Les mesures en place dans l’aire d’application du décret d’urgence qui permettraient d’atténuer ou de prévenir les menaces pesant sur la Rainette faux-grillon de l’Ouest et son habitat, même si le décret était abrogé ;  

4) Toutes données pertinentes sur l’espèce et son habitat dans l’aire du décret.  

D’après cette évaluation, si la ministre détermine que certaines parties ou la totalité du décret d’urgence ne sont plus nécessaires pour contrer les menaces imminentes au rétablissement de la Rainette faux-grillon de l’Ouest, elle recommandera au gouverneur en conseil de le modifier ou de l’abroger.  

Le ministère accueille favorablement toute information pertinente pouvant éclairer son évaluation afin qu’elle repose sur les meilleurs renseignements disponibles concernant la situation actuelle à La Prairie, Candiac et Saint-Philippe.  

 

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Considérant ceci, nous soussignées, membres de la Vigile verte et citoyen·nes ayant à coeur la conservation et la protection de la Rainette faux-grillon de l’Ouest devenue une espèce parapluie, déclarons être d'accord avec les propros et demandes ci-dessous en réponse aux 4 questionnements du gouvernement fédéral émis dans l'avis:

 

1) La principale menace sur la métapopulation de La Prairie demeure la perte d’habitat en raison de l’étalement urbain (développement résidentiel, commercial ou industriel).

Depuis juillet 2016, les deux cas de colonisation (expansion dans une zone à proximité d’une présence historique) sont anecdotiques, et d’ailleurs, un cas n’a été observé que lors d’une saison de reproduction. Ainsi, si les phases IV-V-VI de Symbiocité vont de l’avant, le déclin de la population continuera, car les théories de colonisation ne se concrétisent pas.

La Rainette faux-grillon de l’Ouest actuellement présente dans ce secteur ne se relocalisera pas vers le nouveau corridor de connectivité adjacent à Saint-Philippe. Et celles plus loin non plus, car le marais Smithers s’écoule par la Grande coulée jusqu’à un canal (creusé plus profondément lors du délveloppement domiciliaire) qui se déverse dans la rivière Saint-Jacques, ce qui est une barrière physique pour le petit amphibien.

Ainsi, pour avoir de la Rainette faux-grillon de l’Ouest dans les nouveaux étangs qui seront produits dans le corridor de connectivité à Saint-Philippe, il faudra la réintroduire et suivre l’évolution pour s’avoir si elle survivra dans ces lieux. Elle n’a pas été entendue à Saint-Philippe depuis plusieurs années, cependant, pour certains étangs avec une présence historique et une connectivité, elle est revenue après 10 ans selon nos observations.

La connectivité demeure essentielle; aucun chant de l’espèce n’est entendu maintenant pour 4 des 5 zones isolées qui ont été identifiées entre 2004 et 2014 pour cette métapopulation.

En outre, tout développement affecte négativement les niveaux hydriques selon les observations de la Vigile verte, et cette section est un boisé humide des plus stratégiques pour la survie de cette espèce.

De plus, bien que l'effet de bordure soit connu, l’impact de la lumière, des bruits et de la fréquentation des humains sur l’intégrité écologique de l’habitat de la métapopulation de La Prairie n’est pas suffisamment étudié. Donc, le principe de précaution s’applique. Des effets négatifs ont été observés durant des périodes de grande perturbation comme la pandémie.

Une menace émergente sur la métapopulation de La Prairie est la pollution causée par l’ensemble des activités récréatives (fête, survivalisme et chasse) puisqu’il n’y a pas de structure de conservation et de protection pour le territoire respectif et à proximité de la métapopulation de La Prairie. Plus la population des villes avoisinantes augmente, plus la fréquentation des milieux naturels à proximité des habitations augmente, plus il y a un besoin de surveillance, d’encadrement des activités locales et d’aménagements balisés. Tous les amphibiens de par leur nature sont fragiles à la pollution, incluant les pesticides et engrais issus d’usages domestiques et agricoles.

Une menace réellement inquiétante qui pourrait faire basculer tout est les effets des changements climatiques. Sécheresse et inondations, perte de biomasse, et autres, n’ont rien de positif pour la métapopulation de La Prairie. Elle n’aura peut-être pas la capacité et le temps de s’adapter aussi vite que l’accélération des changements vécus.

Une menace connue, mais dont peu de ressources sont disponibles pour en faire la lutte, est la destruction de l’écosystème et la perte de biodiversité en raison des espèces exotiques envahissantes comme le nerprun. Paradoxalement, la Rainette faux-grillon de l’Ouest se conforme bien aux habitats envahit par une espèce exotique en particulier, l’alpiste roseau (Phalaris arundinacea), ainsi les interventions doivent être ciblées. Suite au passage de l’agrile du frêne, l’opportunité était parfaite pour la croissance du nerprun dans des secteurs autrefois ombragé par la canopée des frênes.

 

2) Les répercussions de ces menaces sont la destruction complète de la zone d’occurrence (répartition géographique) suite à un changement d’usage territorial et la perte d’intégrité écologique des différents habitats nécessaires pour l’espèce tout le long de son cycle de vie. Le drainage affecte particulièrement la dynamique hydrique de son habitat.

 

3) Les mesures en place dans l’aire visée qui permettent d’atténuer ou de prévenir les menaces sont les mêmes qu’actuellement inscrit au décret d’urgence. Cependant, nous suggérons d’ajouter les trois ajustements proposés par la Vigile verte en 2021. Par exemple, certains gros déchets historiques dans le secteur ne peuvent pas être retirés sans l’usage de VTT, alors pour des cas d’exception en fonction des saisons, les autorités ou les organismes de conservation devraient avoir la permission de cet usage. Le but serait d’effectuer du même coup de la gestion de matières résiduelles, l’entretien des sentiers et une patrouille de conservation par exemple.

 

4) Selon les observations depuis 35 ans de Philippe Blais, biologiste senior et président de la Vigile verte, ainsi que celles sur le terrain de la Vigile verte, il faut conserver le décret d’urgence en place, mais s’ajuster pour s’assurer d’avoir des interventions efficaces et concertées.

Les données de recensement de la Vigile verte pour la métapopulation de La Prairie depuis 2010 confirment un déclin marqué, et cela malgré la mise en place du décret.

Un estimé est que suite au décret, ce n’était que 60% des étangs historiques qui étaient actifs dans la zone de décret, et durant les plus grands creux des années récentes, c’était aussi bas que 15%. Depuis 2016, la tendance générale pour cette métapopulation est qu’il y a eu une atténuation marquée des cotes de chant entendus et du nombre d'étangs actifs en avril.

Cette année, l'aire de répartition a été plus étroite : les chants ont été entendu que dans des endroits de recul stratégique - des «bastions» pour l'espèce. Avant la destruction de ce qui restait du Grand boisé, l’expérience de recensement était suréel comparé à maintenant en raison de l’intensité incroyables des chants entendus, la répartition considérablement plus élargie et les niveaux hydriques bien plus élevés (plus de 200 points historiques de la présence de l’espèce sur les 8 plans fournis par Ciel et Terre). 

La Vigile verte est d’avis que le décret d’urgence pourra être retiré que lorsqu’il y aura des ressources et des mesures compensatoires équivalentes ou supérieures aux directives du fédéral de la part des autres instances gouvernementales, ce qui n’est pas le cas pour le moment.

Selon l’historique, le contexte et les perspectives, l’autonomie des instances municipales et provinciales face aux responsabilités de conservation et de protection environnementale des espèces menacées à l’échelle nationale semble peu envisageable dans un futur rapproché. Leur collaboration et compréhension de la situation s’est améliorée, cetains investissements ont été faits, mais leurs actions à elles seules sont trop insuffisantes et trop tardives pour sauver la métapopulation de La Prairie.

Ainsi, la Vigile verte recommande de conserver les mesures en place (c'est-à-dire le décret d’urgence au niveau fédéral ou un engagement similaire permanent), et d'en ajouter des améliorations.

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