Contre la destruction de la muraille de la médina d’Azemmour

Pour arrêter l’hémorragie qui touche l’authenticité du patrimoine marocain, nous appelons les citoyennes et les citoyens du monde à exprimer et à manifester leur solidarité avec cette pétition «Contre la destruction de la muraille historique de la médina d’Azemmour (Maroc)», à la signer et à la faire connaître. Nous signalons également l'existence d'un groupe Facebook intitulé «Patrimoine en péril au Maroc» où tout le monde peut se joindre à notre cause qui interpelle toute l’Humanité.

Pétition contre la destruction de la muraille historiquede la médina d’Azemmour (Maroc)

La restauration des monuments historiques, des sites archéologiques, des ensembles architecturaux, des lieux de mémoire et des œuvres d’art n’est pas un simple exercice d’amateurs, mais c’est un savoir-faire plutôt scientifique où se croisent plusieurs sciences et disciplines. C’est pourquoi la conservation-restauration est un combat qui doit être mené jour après jour, en large concertation entre les spécialistes et les organismes responsables, faisant parfois intervenir l’expertise internationale. Une telle opération doit montrer en quoi la restauration joue un rôle indispensable dans la préservation de ces lieux, du savoir-faire traditionnel et aussi dans l’adaptation des connaissances pour résoudre certains problèmes liés à la nature des matériaux, à la topographie, aux agressions climatiques, au temps, à l’Homme…

Des opérations méritoires ont été menées dans ce sens en concertation avec le Ministère de la Culture. D’autres groupes font parfois cavalier seul comme c’est le cas du Holding d’Aménagement Al Omrane qui œuvre aussi dans le domaine de la mise en valeur du patrimoine architectural en luttant contre l’habitat insalubre dans les tissus traditionnels.

 A Azemmour, ville marocaine moyenne située à 16 kms au nord d'El Jadida et à 72 kms au sud de la métropole économique Casablanca, une opération de restauration de grande envergure suscite l’inquiétude et l’indignation. Cité florissante, Azemmour a connu un passé glorieux du temps des royaumes Maures jusqu’au règne des Alaouites. De 1513 à 1541, Azemmour est sous domination portugaise, période représentée par des monuments imposants et bien conservés. Cette ville millénaire, dont la muraille est classée Monument Historique, vient d’être dépouillée de ses valeurs et même défigurée par la «restauration» ou plutôt la reconstruction en béton armé de ses remparts de pisé. Pire encore, les «restaurateurs» ont procédé à l’emploi de piliers de béton armé et de coulées de béton immédiatement sur les banchées de pisé authentique, sans consolider le talus (glacis) délabré et qui fait deux fois la hauteur de la muraille.

Cette opération irréfléchie est financée par le Holding Al Omrane assisté techniquement par un cabinet privé d’architecture et un bureau d’étude, n’ayant assurément jamais opéré dans les tissus anciens, sans que le dossier de ladite restauration soit soumis au ministère de tutelle, à savoir le ministère marocain de la culture. C’est donc une restauration hors pair où le moderne (le béton armé et béton coulé) force le mariage incestueux avec une architecture de terre qui a pu résister aux agressions climatiques, à l’Homme et au temps pendant des siècles. Alors que le monde entier célèbre la Journée Internationale des Monuments et des Sites (18 Avril), c’est un grand préjudice que subi cette ville du littoral atlantique connue pour ses érudits et son soufisme, ses artistes et ses artisans… qui en font un lieu de recueillement et de beauté naturelle.

Pour toutes ces raisons, nous, signataires de cette pétition, demandons :

- l’arrêt immédiat de ces travaux qui ne respectent pas la déontologie et les normes techniques en matière de sauvegarde des monuments historiques et des paysages historiques ;

- la démolition de cette nouvelle muraille intruse et irrationnelle en appelant le groupe Al Omrane à respecter l’identité nationale et les valeurs humaines (respect d’autrui, des idées, des lois, des procédures et de l’environnement) ;

- la conception d’un nouveau projet de restauration dans les règles de l’art, et ce en concertation entre le département de la Culture et les autres acteurs locaux et régionaux ;

- l’obtention d’une assurance des autorités locales que le préjudice soit levé immédiatement et que ces erreurs ne se soient pas reproduites à l’avenir ;

- la consultation préalable des services du Ministère de la Culture par tout organisme désireux  d’intervenir sur le patrimoine architectural comme le stipule la loi marocaine.

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