Signons pour l'école des Beaux-Arts Choukri Mesli
Il est tout à fait important et aussi difficile de choisir un nom pour une école et ce n'est pas une des moindres puisque c'est la plus grande école des Beaux-Arts du continent africain.
J'ai soumis à consultation sur le réseau social facebook le nom de Choukri Mesli, un artiste avec un parcours atypique, sachant que le nom d'un autre grand artiste Mohamed Khadda, natif de Mostaganem que j’apprécie, a déjà été proposé, mais il est nécessaire de se pencher sur l'historique de l’enseignement des arts plastiques en Algérie, il faut reprendre l'histoire de son début.
En quelques mots, l'enseignement artistique après l’indépendance était quasi inexistant, la France coloniale est partie, il n'y avait pas de professeurs, ni d'étudiants.
Le professorat pendant la colonisation était fait par des Français pour les Français exception faite pour l'art musulman ( calligraphie,miniature, enluminure ).
Les deux personnes à échapper à cette règle sont M'hamed ISSIAKHEM et Choukri MESLI qui étaient prédestinés à l'enseignement d'art musulman, il avaient tous les deux comme professeur le miniaturiste Mohamed Racim.
Mais les deux jeunes étudiants décidèrent eux-mêmes de leur destin, ils avaient choisi l'option interdite aux musulmans : la peinture, ISSIAKHEM et MESLI partent à Paris tous les deux, réussissent le concours d'entrée à l'école de Paris Issiakhem en 1953, Mesli en 1954, ils sont étudiants à Paris et militants pour l'indépendance de l'Algérie, vous imaginez le calvaire des deux étudiant algériens à Paris en 1954.Pour faire bref parce que il me faut des nuits pour écrire l'histoire de ces deux monstres de l'art en Algérie, après l'indépendance Mesli avait des propositions alléchantes pour enseigner au Maroc et aux États-Unis il a choisi de rentrer en Algérie en 1962 .
Avec Issiakhem, Denis Martinez, Ali Khodja ... ils ont remis l'école des beaux arts d'Alger sur pied pratiquement sans salaire, Mesli y resta jusqu'à son exil forcé par la tragédie des années 90, comme professeur à l'école des Beaux-Arts
Lui et les autres artistes ont formé plusieurs générations d'artistes, changeant la règle qui consiste à honorer les artistes après leur mort, signons pour que l'école des Beaux-Arts de Mostaganem porte le nom de Mesli de son vivant, c'est un grand pas vers la reconnaissance des hommes dans l'histoire et ce de leur vivant
Kamel Yahiaoui
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