Psychoéducation et services en santé mentale : une présence qui fait la différence

« Par intervention psychoéducative, nous entendons une intervention spécialisée qui, en utilisant l’environnement de la personne aux prises avec des difficultés d’adaptation, accompagne et soutient la personne dans sa démarche vers un meilleur équilibre face à lui-même et son entourage »  

Gilles Gendreau, l’un des pères fondateurs de la Psychoéducation  

 

Cette citation témoigne bien de l’essence de la psychoéducation qui se distingue par son approche misant sur les forces et défis de la personne, de ses interrelations avec son environnement et qui préconise des interventions axées sur le concret et l’action. La psychoéducation est donc une profession unique qui a sa propre couleur et qui, en complémentarité aux autres professions de la relation d’aide, contribue à faire la différence dans la vie des personnes présentant des problèmes d’adaptation liés à leur santé mentale.  

Cette lettre ouverte s’inscrit en écho aux mobilisations effectuées par nos collègues psychoéducatrices/psychoéducateurs (#MouvementPsychoeds) qui mettent de l’avant que nous faisons partie de la solution dans les services en santé mentale, mais que le manque de couverture des assureurs en freine l’accessibilité. En appuie, nous souhaitons donc : 1) informer la population que par son caractère distinctif et complémentaire aux autres disciplines, la psychoéducation est une ressource disponible et à porter; et 2) interpeler les ministres et dirigeant.es des compagnies d’assurances afin qu’iels utilisent leur pouvoir pour améliorer l’accessibilité de nos services.  

À l’ensemble de la population  

Vous vivez actuellement des difficultés relationnelles ou comportementales qui vous plongent dans un état de déséquilibre qui se manifeste par maints symptômes (ex., anxiété, sentiment de vide et de tristesse, colère et irritabilité, problèmes de consommation, etc.) ? En tant que spécialiste de l’adaptation, sachez que les psychoéducatrices/psychoéducateurs sont là pour vous.  

Mais en quoi la psychoéducation se distingue-t-elle d’un autre professionnel.le de la relation d’aide ? D’abord, nos disciplines respectives sont complémentaires et partagent également certaines similarités. D’accord, mais encore ? Notre caractère distinctif porte sur notre approche qui est centrée dans « l’ici et maintenant », qui s’appuie sur une évaluation rigoureuse de vos forces et défis en interaction avec votre environnement et propose un accompagnement personnalisé qui mise sur des moyens concrets et actifs.  

Toujours dans le brouillard ? Regarder autour de vous. Vos ami.es, les membres de votre famille, vos collègues, vos voisin.es, sont tous affecté.es d’une manière ou d’une autre par le stress généré par le contexte pandémique. Dépendamment de vos capacités et stratégies d’adaptation vous réagissez différemment à ces stresseurs, ce qui génère peut-être de l’anxiété, des humeurs variables, voire des conflits dans vos relations. Dans ce contexte, les professionnel.les en psychoéducation, à la suite d’une évaluation exhaustive de votre fonctionnement adaptatif, vous proposeront des pistes d’actions et des moyens concrets visant à vous aider à retrouver un équilibre. Ah ! Ça m’interpelle ! Pourquoi ne pas ajouter la psychoéducation dans vos recherches ? Voir notamment le site de l’Ordre des psychoéducateurs et des psychoéducatrices du Québec (https://www.ordrepsed.qc.ca/).  

À celleux qui ont un pouvoir d’agir sur l’accessibilité des services en psychoéducation  

À vous, Messieurs, Mesdames les Ministres ainsi qu’aux dirigeant.es des compagnies d’assurance, la population de même que les psychoéducatrices/psychoéducateurs ont besoin de vous, de votre pouvoir d’agir pour faire avancer les choses. Et comment ? D’abord en reconnaissant notre profession et la valeur des services que nous offrons à la population aux prises avec des difficultés de santé mentale.  

Messieurs, Mesdames les Ministres, saviez-vous que nos services sont taxables contrairement à nos collègues psychologues, travailleurs sociaux, ergothérapeutes, orthophonistes qui œuvrent auprès de la même population ? Ce caillou dans nos souliers représente une embuche financière aux personnes déjà vulnérables qui peinent à recevoir des services.  

Dirigeant.es des compagnies d’assurance, pourquoi nos services ne sont que très rarement couverts par vos régimes d’assurances contrairement à nos collègues psychologues, travailleurs sociaux, ergothérapeutes, orthophonistes qui œuvrent auprès de la même population ? Ce deuxième caillou dans nos souliers représente une fois une de plus une embuche financière aux personnes déjà vulnérables qui peinent à recevoir des services.  

En somme, ces deux enjeux nuisent considérablement à l’accessibilité de nos services qui sachez-le, requière cinq années d’études universitaires pour porter notre titre, pratiquer, et devenir membre en règle de notre Ordre professionnel.  

Sachez également que depuis plus de 10 ans, il est possible de poursuivre des études doctorales en psychoéducation (Ph.D.), ce qui atteste de nos compétences à produire de nouvelles connaissances en tant que discipline distincte. Votre considération envers la Psychoéducation passant par l’accessibilité de nos services est donc plus que requise.    

 


Karine Gagné, Ph.D., ps.éd.       Contacter l'auteur de la pétition