Manifeste des intellectuels tunisiens

fethi gharbi

/ #148 Peut-on qualifier de révolution les évènement de janvier 2011 alors que le soulèvement du bassinRe:

2012-06-07 18:15

#1: -

Peut-on qualifier de révolution les évènement de janvier 2011 alors que le soulèvement du bassin minier de Gafsa de 2008 a été étouffé sans que presque personne n'en parle? Peut-on qualifier de révolution les évènement de janvier 2011 qui en détrônant Ben Ali ont offert le pouvoir à son premier ministre puis à un ancien ministre destourien?!

Non, ce qui s'est passé en Tunisie s'intègre essentiellement dans ce qu'on a pris l'habitude d'appeler "le printemps arabe", un printemps bien sombre. Dans un pays où le sentiment religieux a été frustré pendant plus d'un demi siècle,la pire des politiques est d'opposer à l'islamisme les valeurs de la modernité occidentale perçues par la majorité de la population comme un déni de son identité propre. Le plus choquant est que des intellectuels tunisiens vont jusqu'à invoquer le droit d'ingérence pour demander à la France d'intervenir contre la montée de l'islamisme en Tunisie. Tous ces chantres de la "modernité" sont en retard d'une ou deux générations car s'ils jettent un œil sur ce qu'écrivent des penseurs comme Quijano ou Dussel ils cesseront d’être éblouis par la philosophie des "lumières".

J'estime que la meilleure façon de contrer les islamistes est avant toute autre chose d'éviter d'amalgamer explicitement ou implicitement islam et islamisme. C'est grâce à la bipolarisation islam/modernité qu'on offre en cadeau aux intégristes le monopole de la dimension spirituelle. Je crois que la meilleure stratégie, si on veut être entendu par la masse des citoyens, consiste à montrer du doigt l'intégrisme wahhabite en lui opposant le malékisme et d'occuper l'espace sprituel tant méprisé par les intellectuels pro-occidentaux. Il s'agit par ailleurs de mettre en évidence le lien étroit qui sur le plan géopolitique lie la montée fulgurante de l'islamisme et le plan américain de partition du "nouveau moyen orient". Ce n'est que de cette manière que l'intellectuel peut regagner la confiance des citoyens.