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Sylvain Maikan

7 janvier, à 09:25
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Journée canadienne contre l'islamophobie ?

Une demande a été formulée vendredi par le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC) dans une lettre endossée par quelque 70 organisations musulmanes de partout au pays, y compris le Centre culturel islamique de Québec, pour que le 29 janvier soit reconnu au Canada comme la journée anti-islamophobie.

Le CNMC, organisation à but non lucratif qui milite pour la défense des droits humains, s’inquiète «de la montée des groupes d’extrême droite », qui menace «la sécurité des institutions musulmanes et des congrégations ». « Il est crucial que nos élus se dressent fermement » contre ces groupes « qui visent à fomenter la haine et la division entre les Canadiens et leurs concitoyens musulmans», ajoute-t-on dans la lettre.

Selon eux, il y a vraiment un problème d'islamophobie au Canada et les groupes d'extrême droite en seraient responsables. Mais qu'en est-il vraiment ? Au Canada il y a eu en 2015 1,9 millions d'affaires criminelles rapportées à la police. Sur ce nombre, la police a déclaré 1 362 affaires criminelles motivées par la haine, ou 0.069%. Selon les données des services de police qui ont déclaré les caractéristiques des crimes haineux, en 2015, 38 % des crimes haineux déclarés par la police comportaient des infractions avec violence, ou 0.026% des crimes, toutes religions ou toutes ethnies confondues. Les infractions avec violence comprenaient, entre autres, des voies de fait, des menaces et du harcèlement criminel.

Si on regarde les détails en 2015, 178 crimes haineux avec ou sans violence, ont été commis contre des juifs, 159 contre des musulmans et 55 contre des catholiques. Il y a eu 141 cas liés à l’orientation sexuelle. Par rapport à 2014, les crimes haineux contre les musulmans et les catholiques ont augmenté, alors que ceux envers les juifs ont diminué, même s'ils sont encore les principales victimes de crimes haineux en raison d'une religion.

Au niveau des races et des ethnies, les noirs sont encore, et de loin, les principales victimes de crimes haineux liés à la race, avec 224 cas contre 68 pour Arabes ou Asiatiques occidentaux. Ces chiffres sont pour une population de 38 millions d'habitants et comptent pour tout le Canada. On est très loin de ce qui se passe chez nos voisins du sud, c'est quasiment anecdotique.

Naturellement leur principal argument est basé sur le drame de la grande mosquée de Québec en janvier 2017 qui a fait 6 morts. On nous dit que c'est une preuve de l'influence des groupes de l'extrême droite et de la montée de l'islamophobie. Pourtant, l'auteur de cette folie meurtrière ne sera jugé qu'en 2018 et la majorité des preuves ainsi que les motifs du tueur sont gardés sous scellé avec interdiction de publication. Personne dans le public ne connait vraiment ses motifs et son profil Facebook ne montrait clairement aucune association avec quelque groupe d'extrême droite qu'il soit, je l'ai vérifié moi-même avant qu'il soit fermé.

Une journée contre l'islamophobie pour faire passer les canadiens pour des racistes et des xénophobes alors que les chiffres démontrent le contraire ? Voyons voir... 159 événements sur 1.9 millions, ou 0,008% des crimes commis par 0.0004% de la population, ou encore 1 sur 238 996 habitants, on est loin d'un phénomène d’islamophobie. Selon ces chiffres, en 2015, 8 personnes à Montréal ont commis des actes haineux contre des musulmans, sur une population de 2 millions, 5 sur 8 sans aucune violence, et les actes violents il est question de voies de fait, de menaces et de harcèlement criminel. Ça va devenir comme pour tous les propriétaires d'armes légales qu'on fait passer pour des tueurs et des criminels en puissance depuis la polytechnique ? Va t'on vouloir écœurer la population en passant des lois contre l'islamophobie et les harceler comme on le fait avec les propriétaires d'armes qui respectent les lois ? Jusqu’où va t'on aller avec la victimisation en instrumentalisant un drame isolé ?

Pour favoriser le bien vivre ensemble entre ''les canadiens et leurs concitoyens musulmans'' comme ils le disent dans la missive, ce n’est pas en se victimisant, en faisant des amalgames et en exagérant le phénomène d’une supposée islamophobie pour faire passer tous les canadiens pour des xénophobes et des racistes, qu’on va établir un climat confiance mutuelle.

Maikan