Nouveaux et anciens ENAistes : STOP bizutage !

Nous soussignés, ENAistes des différentes promotions de l’Ecole Nationale d’Architecture, désapprouvons le traitement humiliant et traumatisant que certains nouveaux ont subi durant la semaine dite d’intégration, et trouvons l’accueil qui leur a été réservé par certains étudiants, qui ne sont pas représentatifs de la majorité des anciens, indigne d’une école d’élite. Aussi, nous dénonçons le caractère obligatoire du bizutage, qui ne doit se faire que par consentement des deux parties et non sous la contrainte ou la menace.

Ceci étant, voici la liste soumise au BDE de certains dépassements rapportés durant le bizutage de la semaine du 1e au 5 octobre 2012, à l’égard des nouveaux étudiants de l'Ecole Nationale d'Architecture :

- Non-affichage du programme du bizutage à l'école.
- Convocation des étudiants en plein milieu des séances pour subir le bizutage, les privant ainsi de leurs cours.
- Obligation d'ingurgiter des mélanges ayant causé des complications digestives et des vomissements : eau gazeuse plus piment rouge.
- Menaces et insultes verbales, touchant à la pudeur et à la dignité de l'étudiant en cas de refus de se soumettre au bizutage ou de se prosterner devant le bizuteur.
- Confiscation des CIN et téléphones portables dans le but d'obliger les étudiants à ne pas quitter l'école et à se soumettre au bon vouloir des bizuteurs s'ils veulent retrouver leurs objets.
- Comportements dégradants, qui consistent à titre d'exemple à obliger les étudiants à mendier des cigarettes pour leurs anciens, à les suivre partout où ils vont pour leur servir de cendriers ou à souffler la fumée sur leur visage.
- Atteinte à la pudeur des garçons en les obligeant à se mettre torse-nu et à enlever leurs pantalons en public pour les inverser avant de les remettre. En cas de refus, l'étudiant est obligé de donner des explications d'ordre intime et personnel pour se justifier, comme le fait qu'il ne porte pas de caleçon, chose que le bizuteur se permet en toute indécence de vérifier par lui-même.
- Drague et vulgarisation de comportements néfastes, indécents et immoraux par, d'une part l'incitation verbale à fumer, boire, fréquenter les boites de nuit, etc. et d'autre part l'incitation physique à performer des scènes de strip-tease ou d'autres danses obscènes.
- Course-poursuite des étudiants qui, traumatisés, prennent la fuite et leur humiliation comme forme de punition, comme ce fut le cas pour une étudiante, rattrapée, sur qui une bizuteuse a jeté une bouteille d'eau après l'avoir vidée sur elle.
- Encouragement à l'absentéisme étant donné que les étudiants, ayant subis ces traitements insoutenables, préfèrent rester chez eux et rater les cours plutôt que de s'exposer au bizutage.

Ainsi, et sans être contre l’intégration, qui se doit avant tout d'être respectueuse, drôle pour tous et appréciée par tous avec la vision claire et le but ultime d'intégration seule, nous refusons de cautionner ces pratiques contraires à nos valeurs et à notre éducation et touchant à la dignité, qui n’ont clairement pas pour objectif d'assimiler qui que ce soit, de mettre en confiance les nouveaux et de briser la glace dans le respect et la joie mutuels, mais de les initier à la soumission, à courber l’échine et à s'effacer devant ce qui les indigne sous la menace et par l’intimidation.

Par ailleurs, les anciens étudiants signataires s'engagent à protéger les nouveaux qui refusent de se faire bizuter contre toute agression psychique, verbale ou physique, et leur garantissent leur soutien, leur aide et de faire le nécessaire pour les intégrer, sans devoir accepter l'humiliation en contre-partie. 

Enfin, nous avons la conviction que le bizutage a atteint ses limites et qu'il est temps pour nous, ENAistes, de trouver d'autres moyens d'intégration utile qui respecte la dignité des nouveaux, leur moral et leur libre arbitre. POUR l'intégration, STOP bizutage !