Sauvons la Forêt de Taillard

François BROTTES, Député de l' Isère depuis 1997 vient d' être nommé par décret du Président de la République à la tête de RTE, Réseau de transport d' électricité, filiale à 100 % d' EDF. Il succédera à ce poste à D. MAILLARD, nommé en 2007 et atteint par la limite d' âge.

MAIS QUI EST DONC F. BROTTES ?

C' est certes un spécialiste des questions énergétiques, qui, comme Président de la commission des Affaires Economiques de l' A.N., a participé à la rédaction de nombreuses lois régissant le secteur, dont celle de 2013 qui porte son nom et a supprimé les ZDE, la règle "des cinqs mâts" et tout un ensemble de contraintes  gênantes pour l' industrie éolienne. A l' Assemblée, il s' était fait, avec quelques autres dont le député EELV Denis BAUPIN, le défenseur, voire le porte-parole des industriels de l' éolien, par SER et FEE interposés (ce sont les "syndicats" des lobbystes des EnR) ; à ce titre, il a oeuvré, avec sa collègue Erika BAREIGTS, à faire échouer le vote d' une distance minimale de 1 000 mètres entre éoliennes et habitations, malgré la volonté de la majorité des Sénateurs, et d' une part importante des Députés, lors des débats sur la "Loi de Transition Energétique"...

On peut aussi faire rappel de ce qu' il a été un proche conseiller de François HOLLANDE lors de la campagne de 2012, et l' artisan de l' accord PS-EELV...

LES DESSOUS DE CETTE NOMINATION

Elle ressemble surtout à un beau cadeau de fin de carrière du Chef de l' Etat à un ami presque sexagénaire, offert très discrètement au coeur de l' été, alors que BROTTES était très loin d' être assuré d' une réélection en Isère en 2017... Or le poste de Président du Directoire de RTE est doté pendant 5 ans d' une rémunération annuelle de 265 000 euros fixe, et d' une part variable d' environ 133 000 euros. Au-delà de ces émoluements plus que confortables, n' y aurait-il pas un potentiel conflit d' intérêt ? L' intéressé, pris dans une polémique qui s' est développée même au sein de son parti, refuse de s' exprimer...

Pour couronner le tout, l' affaire se double d' une "magouille" électorale : le PS ne voulait pas d' élection partielle, qu' il était à peu près sûr de perdre, Manuel VALLS étant obligé de compter sa majorité sur les "doigts d' une main", tant les "frondeurs" la fragilisent. Pour cela, Matignon avait confié en février à F. BROTTES une " mission parlementaire sur la sécurité de l' approvisionnement électrique dans le cadre européen". En effet, un député missionné plus de 6 mois, selon la loi, est remplacé dans son mandat électif par son suppléant, Pierre RIBEAUD, ce qui permet à BROTTES de rejoindre ses nouvelles et lucratives fonctions, sans que son parti ne risque la perte d' un siège...

Ce transfert a été validé par la CRE (Commission de Régulation de l' Energie), après vérification de l' absence de conflit d' intérêt, et validation sans surprise des conditions de rémunération. 

Dans les couloirs de l' Assemblée, on reconnait cependant qu' en matière de contrôle, "il y a peut-être un trou dans la raquette"...