Bonjour,
Etre Français, c'est être démocrate, et savoir réserver le meilleur accueil à la contradiction, pas vrai? Permettez donc à un "mono-national", ni de droite, ni de gauche, de partager avec vous, ici, ses plus grandes craintes de voir ce faux-débat sur la bi-nationalité (qui semble, d'ailleurs motiver plus d'un parti, et plus d'un candidat), amoindrir la nationalité française, que bon nombre d'entre vous souhaitent voir garantir. Mon passeport et le vôtre sont, à ce jour identiques, et c'est très bien. Souhaitez-vous donc, que dans la perspective où la bi-nationalité serait reconnue, il n'en soit plus de même, et qu'il y ait donc deux espèces de citoyens français? Connaissez-vous l'histoire de Gribouille? En déposant mon bulletin dans l'urne, j'aurai une pensée émue pour chacun d'entre vous.

#17: Bluemountain65 - Que cherche-t'on: une nationalité à deux vitesses? Bonjour,
Etre Français, c'est être démocrate, et savoir réserver le meilleur accueil à la contradiction, pas vrai? Permettez donc à un "mono-national", ni de droite, ni de gauche, de partager avec vous, ici, ses plus grandes craintes de voir ce faux-débat sur la bi-nationalité (qui semble, d'ailleurs motiver plus d'un parti, et plus d'un candidat), amoindrir la nationalité française, que bon nombre d'entre vous souhaitent voir garantir. Mon passeport et le vôtre sont, à ce jour identiques, et c'est très bien. Souhaitez-vous donc, que dans la perspective où la bi-nationalité serait reconnue, il n'en soit plus de même, et qu'il y ait donc deux espèces de citoyens français? Connaissez-vous l'histoire de Gribouille? En déposant mon bulletin dans l'urne, j'aurai une pensée émue pour chacun d'entre vous.

Bonjour, Bluemountain,

En tout premier lieu, merci beaucoup de toute l'émotion de votre message, qui est tout à fait à votre honneur. Ensuite, je vous invite à constater que le droit à la binationalité existe déjà, et qu'il est maintenant question de le défendre. En effet, la Droite Populaire (UMP) a bel et bien remis en question le droit à la binationalité, sous deux faux arguments. Le premier, de caractère économique (et donc "distribution de ressources concrètement limitées pour répondre à des besoins virtuellement illimités") : les binationaux vivant à l'étranger et payant leurs impôts dans un autre pays seraient soi disant des "vampires fiscaux", profitant de leurs droits sans apporter leurs obligations. Le deuxième et plus délicat, de caractère sociétal  : en cas de conflit, les binationaux seraient théoriquement enclins à défendre un de leurs pays, même si pour cela ils devraient agir contre l'autre.

Le premier argument est faux pour deux raisons : la première, parce que la plupart d'impôts que la France ne perçoit pas à cause des français payant leurs impôts ailleurs est due à l'exil fiscal de citoyens "mono-nationaux" (pour utiliser vos propres termes). La deuxième, parce qu'une vaste partie de la population française ne gagne pas assez d'argent pour être imposable, et ce n'est pas de la faute des binationaux (vous pouvez vous référer aux données de l'INSEE, et lire, au passage, cette acte de l'Assemblee Nationale)

Quant au deuxième argument, c'est comme demander à un enfant de choisir entre l'héritage culturel, voire génétique, de son père ou celui de sa mère. J'ai sincèrement du mal à imaginer une personne normalement constituée qui ait toujours eu l'affection de ses deux parents (ses deux nations), oser lever la main contre l'une ou contre l'autre en cas de désaccord. Les binationaux ont plutôt le rôle de médiateurs dans ces cas, et ils constituent par conséquent un atout et une clef pour la résolution des conflits, du moment où la France leur ait accordé le respect et l'affection qu'ils méritent en tant que citoyens.

Le débat est donc loin d'être un faux débat, et si le droit n'est pas protégé et que l'initiative de la Droite Populaire s'impose à l'Assemblée Nationale, les citoyens binationaux qu'ils visent n'auront plus, hélas, le même passeport que vous et moi, car ils seraient alors déchus de leur nationalité française.

Je vous invite en toute amitié à vous renseigner davantage sur ce sujet, afin que nous puissions avancer continuer notre reflexion ensemble. Merci encore de votre temps,  cher monsieur, Je vous souhaite une excellente journée.

Bien cordialement, François Kahn.